Ce vitrail de 48cm de large par 51cm de haut est d’inspiration baroque portugaise. La scène onirique du buveur et de ses visions d’animaux imaginaires et effrayants, au centre, est encadrée par le paysage en haut et le carrelage en perspective et le mobilier en bas, qui sont les ancres de réalité du vitrail. Cette composition permet de guider l’œil vers les visions, et ne révèle pas le détail du paysage derrière les fenêtres, au premier regard, auquel les bulles du verre confèrent une impression de pluie, rétrécissant la scène et la rendant plus intime.
Les verres sont de haute qualité : ce sont des verres antiques soufflés à la bouche, provenant de Saint-Gobain. On voit le souffle du verrier dans les bulles d’air qui ont été emprisonnées dans la masse et laissent passer la lumière de manière inimitable.
Il est peint selon la technique ancienne (des vitraux de cette technique nous sont parvenus depuis le XIIe siècle) de la grisaille sur verre. Ce sont des oxydes métalliques, dilués avec un émulsifiant (gomme arabique). Je les ai appliqués à la plume pour les contours et pixelisés pour les couleurs : sur chaque pièce, la grisaille est monochrome, c’est l’espacement entre les « points » qui va laisser passer plus de lumière (clair) s’ils sont éloignés, ou foncé s’ils sont rapprochés.
Ensuite, les verres peints, préalablement coupés à la dimension prévue lors du dessin, appelé « carton », sont cuits dans un four, à 750 degrés, ce qui va permettre aux couleurs de s’incorporer dans le verre. Durée de vie : une centaine d’années !
Puis le vitrail a été monté selon la technique Tiffany : chaque pièce est meulée, les pourtours sont entièrement sertis au cuivre, décapés avec un acide, et soudés à l’étain. Enfin, une patine grise a été appliquée sur la soudure, afin que l’étain ne s’oxyde pas au contact de l’air.
Le périmètre a été serti avec un plomb en Y, avec une patte centrée, qui permet de la « pincer » dans un cadre, une fenêtre… tout en laissant le plomb apparent.
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